Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/58

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la décision que tu prends qui me révolte, c’est que tu n’aies pas même daigné m’y mêler. Tu as voulu éviter notre tête-à-tête et tu arrives exprès… je te connais… à cette heure-ci… avec ton sourire détaché…

RANTZ.

Mais, sapristi, ce matin encore, à dix heures, je ne savais rien moi-même ! De toute façon, nous avons le temps d’en parler, n’est-ce pas, à satiété !… Ce que je voulais te dire, c’est que, si on me voyait ce soir avec cette exhibition charnue…

LIANE.

Pourtant, tu savais que nous n’allions pas seuls au théâtre, que j’avais lancé des invitations.

RANTZ.

J’ai eu bien d’autres choses à faire, je te prie de le croire, qu’à m’informer des personnes qui nous accompagnaient aux Folies-Bergère.

LIANE.

Tu ne pensais pourtant pas que j’avais invité le pape !

RANTZ.

Ç’aurait été encore plus mal vu en haut lieu !

LIANE.

Oh ! pas d’esprit, pas d’esprit, mon cher ! Ce n’est vraiment pas l’heure ; ne m’accable pas de ton petit sourire sardonique ! Rachète, je t’en prie, ce que ton attitude a eu de blessant, en te montrant ce soir avec moi comme tu en avais l’intention… Puisque tu as pris la peine de passer un habit… que je sois un peu à la gloire, à tant faire !…