Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/57

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RANTZ.

Tu ne m’avais pas dit que tu invitais ces deux volailles. Je croyais qu’il n’y avait que Lorédan. (Nettement.) Je ne peux pas aller avec ça au théâtre.

LIANE.

Tu ne peux pas y aller ?… Pourquoi ?

RANTZ.

D’abord, regarde leur tenue !… Si justement, ce soir, on me voyait avec elles… Enfin, il faut éviter… C’est une affaire de tact… Et puis ce couturier !…

LIANE, (suffoquée.)

Et c’est tout ce que tu trouves à me dire ! C’est tout ! J’attends un mot de toi, une explication de ton attitude à mon égard, au moment d’un événement aussi important, et tu me dis que tu ne peux pas aller au théâtre avec ces volailles et un couturier que tu as fait décorer !…

RANTZ.

Je comptais t’apporter ce soir cette surprise… Ayez donc des attentions !… J’arrivais tout flambant… Et, d’ailleurs, ma chère Liane, il suffirait de t’entendre parler depuis deux minutes pour approuver les sentiments qui m’ont incité à te tenir à l’écart de ma décision. En fait de conseil, celui des ministres avait plus d’importance et plus de poids que le tien. D’autres seraient satisfaites, flattées de mon changement de situation, mais, toi…

LIANE.

Tu te trompes. Qu’en sais-tu ? Je t’aurais écouté. Je t’aurais compris peut-être. J’admets, en tout cas, que les honneurs te tentent. Ce n’est pas