Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/64

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jardin, sortaient les moutons de la ferme,… ces troupeaux qui font un bruit d’assemblée politique, un bruit de 14 juillet lointain… Je dressais l’oreille ; il me semblait que c’était l’émeute, une réunion d’actionnaires, une journée d’élections, et j’entendais de là-bas, dans les vagissements des moutons : « À bas Rantz, crapule, renégat, vendu ! » C’était le seul bon moment de la journée !

LORÉDAN.

Il s’entraîne, le patron, il fait des poids ! Patron, vous êtes trop intelligent pour faire un bon politicien…

RANTZ.

Erreur ! La politique, depuis des années, est, autant que l’art, l’expression d’un tempérament ; regardez Clemenceau, Briand… On me demande quelques mois de virtuosité, j’y cours !

GABY.

S’il pouvait faire au moins marcher mon téléphone !

LIANE, (éclatant.)

Dans les Postes et Télégraphes ! quelle virtuosité !…

RANTZ, (redescend vers elle.)

C’est idiot, c’est idiot ce que tu dis là. Et tu te crois drôle !… Est-elle assez bornée ? Est-elle assez stupidement femme ?…

LIANE.

Va donc !… Accuse-moi, ça te complète !

MYRTILLE ET LORÉDAN.

Ne vous attrapez pas ainsi !…

RANTZ, (se dégageant des bras qui essaient de le calmer.)

C’est toi qui as toujours été l’ennemie de mon