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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 9, 1922.djvu/246

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rait arrivé fatalement… alors… Ah ! tenez, j’aime mieux ne pas y penser ! Ça fait frémir !

JULIEN, (avec chaleur, essayant encore une fois de la tenter.)

Moi ! vous quitter dans ces conditions-là !… Comme vous me connaissez ! Essayez, et je vous serai attaché si solidement que je défierais quoi que ce soit de nous désunir, — même l’ultime vieillesse !… Non, vous ne savez pas ce dont j’aurais été capable pour vous !… Oh ! je suis sûr de moi, et…

FRÉDÉRIQUE, (se détachant de lui.)

Taisez-vous, alors… Ne faites pas luire tout le bonheur auquel j’ai renoncé ! Ah ! pourquoi ce revenez-y, aujourd’hui ?… Pourquoi renouveler ce débat qui nous a laissés si souvent épuisés et désolés… ici même… à cette place… sur ce banc ? Voilà près de six mois que vous sembliez avoir pris votre parti. Je vous en avais tant de reconnaissance !… Quand vous arriviez quelquefois, avec une figure épanouie, gentille, et que vous me disiez : « Tenez, je suis heureux quand même ! Je vous pardonne et vous êtes adorable, jusque dans vos refus », que c’était doux, Julien ! Que j’ai eu d’aise dans ces moments de paix, de compréhension intime !… Ces jours-là, que l’amour était beau ! Et maintenant, nous rabâchons ici de vilains remords…

JULIEN, (se levant avec un coup de colère subite et terrible.)

Mais savez-vous où vous allez, malheureuse… savez-vous ce que vous allez commettre ?

FRÉDÉRIQUE.

Oh ! vous me faites peur… Pourquoi cette colère, ce visage courroucé ?