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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 9, 1922.djvu/247

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JULIEN.

Alors, c’est entendu, jamais ! jamais !

FRÉDÉRIQUE, (vivement, très vivement, cherchant par son élan à étouffer la sévérité du jamais.)

Oui, mais toujours, toujours !… Oh ! pour la vie, pour la vie entière… Dites-le-moi comme je vous le dis !… Ayez du courage, Julien… prenez patience.

(Mais cette fois l’habile persuasion n’a pas porté.)
JULIEN.

Imbécile ! Imbécile que j’ai été !… Niais !… Deux ans d’adoration pour aboutir à ça !… Sentir qu’on est jeune, en pleine force, qu’il y a dans cette poitrine de l’enthousiasme, de l’ardeur !… qu’on pourrait rendre une femme heureuse, en être justement fier et gâcher cette jeunesse-là, sans pouvoir même en faire le don… (Avec un jeune orgueil.) alors que tant d’autres la réclament, secrètement, et s’en trouveraient si épanouies… Ah ! tenez, je vous en veux ! Il me vient en ce moment un coup de rancœur !… J’en veux à la vie, à tout le monde !…

FRÉDÉRIQUE, (effrayée.)

Julien !

JULIEN, (continuant, de plus en plus fort.)

Imposer ce martyre à un homme, et avec cette impudence ingénue réclamer par-dessus le marché sa fidélité !… Il faut que vous soyiez d’une naïveté, ma pauvre Frédérique, vraiment désolante ou d’un égoïsme alors révoltant !… Oui, je le dis comme je le pense !… Je ne croyais pas que cela fût possible !… Oh ! sans quoi, je vous le garantis,… sans quoi, j’aurais fui au bout du monde !