Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 11, 1922.djvu/106

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vu non pas tel qu’on m’imagine, mais tel que je suis !… Peut-être !

(Il se regarde dans le miroir professionnel accroché au fond de son feutre.)
ALONSO, (dissimulant son rire.)

Vieux !… Quelle plaisanterie ! Tu n’as pas quarante ans !…

DON JUAN.

Mais je vais les avoir… On me les a promis pour demain !

ALONSO.

Tu sais bien qu’on est toujours vieux pour quelqu’un… Tu ne t’étais jamais adressé à une enfant, alors…

DON JUAN.

Si je suis vieux pour une enfant de seize ans, maintenant, dans quatre ans je serai vieux pour une femme de vingt !… Quarante pour d’autres, c’est un âge acceptable… pour moi, c’est la décrépitude…

ALONSO.

Ah ! çà. Don Juan, te moques-tu de moi en simulant une mortification imbécile ?… Nous n’allons pas ergoter sur l’étymologie de « vieux dégoûtant » !

DON JUAN.

Heu !… le fait est… Ces joues… le cou surtout… le cou… Il suffit d’un mot juste pour bouleverser les notions que nous avons des choses !

ALONSO.

Mais, bonté divine, cette perruche patoisante