Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 11, 1922.djvu/180

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Non, mais passons un petit pacte entre nous. Lorsque vous serez de l’Académie (Il le fait rasseoir.) et que dans quelques années vous entendrez dire : « Ce pauvre Barnac ! Il baisse bien depuis quelque temps… il ne sort plus du tout… », eh bien, venez donc me faire une petite visite, de collègue à collègue… Tout en causant du dictionnaire, de vos chances au secrétariat perpétuel, vous mêlerez le bon Dieu à la conversation… je vous rappellerai le titre de mes plus effroyables comédies, celles dont l’Académie a bien voulu déjà me donner une première absolution : la Rosière de Bourg-la-Reine, les Cinq Femmes de Léonard, les Bagatelles de la porte, etc., je vous raconterai aussi, en collègue un peu bavard, quelques erreurs ou légèretés de ma vie… vous insinuerez bienveillamment : « Oh ! ça ne pèsera pas bien lourd dans la balance ! » Et comme ça, de fil en aiguille, je pourrai me dire : « En voilà une veine d’être de l’Académie !… Qui donc disait qu’elle ne servait à rien ?… Il y a tout à l’Académie, et c’est bien commode, ma foi ! Me voilà toiletté pour aller faire là-haut ma visite de candidat à un autre secrétariat perpétuel, sans que je m’en sois même aperçu !…» Est-ce convenu, Monseigneur ?

MONSEIGNEUR, (après avoir hésité sur la manière dont il répondra à la malice.)

Il est impossible de montrer avec plus d’esprit que les confrères sont de bons calomniateurs et que vous n’avez pas abandonné le souvenir de votre première communion !… Me permettez-vous de prendre au sérieux ce pacte amical et spirituel, même s’il n’a été qu’ironique dans votre pensée ?

BARNAC.

Si je vous le permets ?… Mais j’y compte bien,