Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 9, 1922.djvu/349

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ÉVELINE.

C’est possible !… Enfin, je marque pourtant qu’il y a dans votre attitude à tous les deux un manque de surprise bien étrange. Ce qui est une chose nouvelle pour moi est une chose ancienne pour vous ! Vos voix ont eu je ne sais quel accord dans le péril qui vient de me frapper !… N’importe !… Julien, écoute : voici différents papiers dont deux lettres, regarde !… L’une est déjà ouverte, je l’ai lue ; l’autre est cachetée… Elle montre le paquet qu’elle a tenu tout le temps dans sa main crispée. Elle vient de lire la suscription de la lettre par elle désignée, et depuis lors son expression est encore plus émue.

JULIEN, (de suite.)

Tu vas jeter ces ordures au feu !… Je t’ordonne, si tu m’as jamais aimé, de les détruire sans t’humilier à les discuter ou à t’en salir…

ÉVELINE, (le repoussant d’un petit geste dédaigneux et imperceptible.)

Laisse !… La première m’était adressée. Elle est vague… mais d’une netteté pourtant assez terrible dans son imprécision… De plus, elle t’accuse d’avoir forfait à l’honneur. Cela, je le méprise ! Je t’en sais incapable… (Elle froisse la lettre intentionnellement et la jette à terre.) Mais voilà, voilà… Il y a une autre lettre !… Regardez bien !… (Elle s’adresse à tous les deux et épie leurs expressions.) Il y a une autre lettre ! Celle-ci est cachetée et voilà ce qu’on a écrit sur l’enveloppe… voilà ce que mes yeux viennent de lire à l’instant… Mémento de l’affaire Ulric ! Sais-tu ce qu’il y a dedans ? (Frédérique ne peut pas réprimer un haut-le-corps.) Je te certifie que je vais l’ouvrir ! Tu vas