Page:Batteux - Les Beaux-Arts réduits à un même principe.djvu/245

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au fonds des choses. Si les sentimens ne sont pas vrais & réels, c’est-à-dire, si le poëte n’est pas réellement dans la situation qui produit les sentimens dont il a besoin ; il doit en exciter en lui, qui soient semblables aux vrais, en feindre qui répondent à la qualité de l’objet. Et quand il sera arrivé au juste dégré de chaleur qui lui convient ; qu’il chante : il est inspiré. Tous les poëtes sont réduits à ce point : ils commencent par monter leur lyre : puis ils en tirent des sons. C’est ainsi que se sont faites les odes sacrées, les héroïques, les morales, les anacréontiques ; il a fallu éprouver naturellement ou artificiellement, les sentimens d’admiration, de reconnoissance, de joie, de tristesse, de haine, qu’elles expriment : et il n’y en a pas une d’Horace ni de Rousseau, si elle a le véritable caractère de l’ode, dont on ne puisse