Page:Batteux - Les Beaux-Arts réduits à un même principe.djvu/246

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le démontrer ; elles sont toutes un tableau de ce qu’on peut sentir de plus fort ou de plus délicat dans la situation où ils étoient. De même donc que dans la poësie épique & dramatique on imite les actions & les mœurs, dans le lyrique on chante les sentimens ou les passions imitées. S’il y a du réel, il se mêle avec ce qui est feint, pour faire un tout de même nature : la fiction embellit la vérité, & la vérité donne du crédit à la fiction. Ainsi que la poësie chante les mouvemens du cœur, qu’elle agisse, qu’elle raconte, qu’elle fasse parler les dieux ou les hommes ; c’est toujours un portrait de la belle nature, une image artificielle, un tableau, dont le vrai & unique mérite consiste dans le bon choix, la disposition, la ressemblance : ut pictura poesis.