Page:Batteux - Les Beaux-Arts réduits à un même principe.djvu/30

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PARTIE 1 CHAPITRE 4 dans quel état doit être le génie pour imiter la belle nature. les génies les plus féconds ne sentent pas toujours la présence des muses. Ils éprouvent des tems de sécheresse & de stérilité. La verve de Ronsard qui étoit né poëte, avoit des repos de plusieurs mois. La muse de Milton avoit des inégalités dont son ouvrage se ressent ; & pour ne point parler de Stace, de Claudien, et de tant d’autres, qui ont éprouvé des retours de langueur et de foiblesse, le grand Homere ne sommeilloit-il pas quelquefois au milieu de tous ses héros & de ses dieux ? Il y a donc des moments heureux pour le génie, lorsque l’ame enflammée comme d’un feu divin se