Page:Batteux - Les Beaux-Arts réduits à un même principe.djvu/67

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Ce ne fut point dans ces tems de trouble & de ténébres qu’on vit éclore les beaux arts. On sent bien par leur caractere, qu’ils sont les enfans de l’abondance & de la paix. Quand on fut las de s’entrenuire ; et, qu’ayant appris par une funeste expérience, qu’il n’y avoit que la vertu & la justice qui pussent rendre heureux le genre humain, on eut commencé à jouir de la protection des loix ; le premier mouvement du cœur fut pour la joie. On se livra aux plaisirs qui vont à la suite de l’innocence. Le chant & la danse furent les premieres expressions du sentiment : et ensuite le loisir, le besoin, l’occasion, le hasard, donnerent l’idée des autres arts, & en ouvrirent le chemin. Lorsque les hommes furent un peu dégrossis par la société, & qu’ils eurent commencé à sentir qu’ils valoient mieux par l’esprit que par le