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Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/113

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et des subsistances, le façonnement des ouvrages de durée qui passent par les mains du trafic.

Les postérieures sont l’achat et le paiement faits par les consommateurs. C’est ce qu’on avoit oublié pour ne penser qu’aux opérations et aux profits des trafiquants.

Demandez à ces politiques où se fait le commerce réciproque des vins et des farines d’une part, des sucres et des cafés de l’autre, entre les provinces méridionales de France et les colonies Françoises : ils vous répondront sans hésiter, c’est à Bordeaux et à Marseille. Qui est-ce qui retire tout le profit de ce [229] commerce ? Les négociants de Bordeaux et de Marseille, vous diront-ils ; et en conséquence, s’ils voyoient porter et rapporter ces denrées respectives sur des voitures de mer faites en Hollande ou en Suede, ils ne manqueroient pas de vous dire que la France a perdu tout ce commerce.

Dans le fait cependant, ce commerce commence et finit dans les campagnes des provinces, et dans celles des colonies. Il commence dans les terres à bled, dans les terres à sucre, dans les vignes, dans les plantations de café ; il finit sur la table des François quand ils consomment le sucre et le café ; sur celle des Amériquains, quand ils mangent et quand ils boivent nos productions françoises.

Dans le fait, le Cultivateur, le Propriétaire des champs et des vignes, ceux des terres à sucre et à café, trouvent donc aussi leur profit à ce commerce, [230] autrement leur culture cesseroit, et les trafiquants n’auroient plus rien à faire.

Dans le fait enfin, quand même les Trafiquants, la voiture et les voituriers seroient Arabes ou Algonquins, au lieu d’être François, s’ils ont acheté, s’ils ont voituré la farine et le vin de vos Provinces, le sucre et le café de vos Colonies, vous n’avez pas perdu tout ce commerce : c’est seulement le profit du trafic qu’ont perdu les Négociants, ce qui n’est pas la même chose.

Il peut même arriver que le commerce gagne beaucoup à cette perte des Trafiquants : voici comment. Si les acheteurs-revendeurs, et si les voituriers que vous appellez étrangers, savent, peuvent et veulent faire meilleure composition aux producteurs d’une part, et aux consommateurs de l’autre, que les trafiquants et les voituriers qui se disent leurs compatriotes (ce qui n’est pas impossible) ; en leur accordant la préférence [231] qui leur paroît si naturellement dévolue par cette meilleure composition, vous augmentez nécessai-