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Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/13

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mique et tel est le point de départ des explications fournies par Baudeau. Mais l’homme policé ne se contente pas, comme la plupart des bêtes, de puiser au jour le jour sa subsistance dans la nature qui l’entoure ; il ne se contente même pas d’amasser comme certains animaux plus industrieux, il produit : « Il a poussé la réflexion, la prévoyance et l’adresse jusqu’au point de préparer, d’assurer, de multiplier les productions naturelles d’où dépendent sa conservation et son bien-être[1]. » Ainsi est né l’art productif. Ce n’est pas tout. La réflexion, l’adresse, l’expérience ont appris aux hommes à varier presque à l’infini les objets de leurs jouissances par les formes différentes qu’ils savent donner aux productions de la simple nature, par les divisions et les altérations qu’ils leur font subir, par la manière dont ils les assemblent ou les incorporent l’une à l’autre[2]. » Les facultés supérieures de l’homme lui permettent donc non seulement de multiplier mais encore de transformer les produits de la nature ainsi est né l’art stérile. C’est également, par une filiation assez inattendue, de trois notions d’ordre psychologique : savoir vouloir, pouvoir, que dérive l’art social. « Pour que l’industrie productive et l’industrie façonnante fleurissent dans un État, il faut que les hommes sachent, il faut qu’ils veulent, il faut qu’ils puissent se livrer aux travaux de l’art fécond, à ceux de l’art stérile. Savoir suppose l’instruction, l’exemple ou le loisir de réfléchir et d’inventer. Vouloir suppose la liberté d’opérer et la certitude de profiter de son travail. Pouvoir suppose des moyens de penser par avance, des instruments, des préparations, des secours[3]. » Instruction, protection, administration, voilà par suite » ce qui fait la première essence des États policés.

  1. V. infra, p. 2
  2. V. infra, p. 3
  3. V. infra, p. 8.