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Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/135

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de faire à son gré un usage raisonnable et légitime de ses organes corporels, de ses qualités morales et intellectuelles " . Raisonnable et légitime, c’est à-dire conforme à la loi naturelle de la justice par essence, et à l’ordre naturel de la bienfaisance universelle. Que l’homme prétende faire de sa propriété personnelle un usage fou contre lui-même, un usage criminel contre d’autres hommes, ce n’est pas de sa part réclamer la liberté ; c’est s’accuser de démence et de délit ; c’est se déclarer aliéné de la raison, violateur de la loi naturelle, destructeur de l’ordre bienfaisant, ennemi de l’humanité. Or ce n’est pas pour ce délire, pour cette destruction, que la nature nous a donné les organes corporels, les facultés intellectuelles ; puisqu’elle nous inspire une répugnance indélébile, universelle, continuelle, pour les privations, les peines et la mort, qui sont évidemment pour l’humanité les suites nécessaires et infaillibles des délits commis contre sa loi de justice essentielle, contre son ordre de bienfaisance universelle ; puisqu’au contraire elle nous donne un attrait général, indélébile et continuel, pour la conservation et le bien-être, qui sont évidemment pour l’humanité les suites nécessaires et infaillibles de l’accomplissement de sa loi de justice, de l’observation de son ordre bienfaisant. Liberté personnelle n’est donc pas " licence effrénée d’user de ses facultés morales ou corporelles, même contre soi, même contre autrui " ; ce qui seroit ériger en principe le comble de la folie, consacrer les plus abominables forfaits, et dévouer l’humanité à toute espece de destruction. En user pour soi, c’est être homme sage et raisonnable. En user sans usurper nulle propriété, sans violer nulle liberté d’autrui, c’est être un homme juste. En user de maniere qu’il résulte un accroissement de bien-être pour l’humanité, c’est être un homme bienfaisant. La seconde espece de propriété s’appelle mobiliaire : tous les effets que vous avez acquis ou que vous vous êtes rendu propres par l’usage raisonnable et légitime de vos facultés corporelles et morales, sont à vous à juste titre, ils composent votre propriété mobiliaire, et sont les fruits de votre propriété, de votre liberté personnelle. Faire à votre gré, de ces objets qui vous appartiennent, tout