Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/148

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Ces subsistances et ces matieres premieres sont toutes distribuées entre les quatre lignes qui vous précedent, parcequ’elles ont fait des avances, parcequ’elles ont pris des peines, parcequ’elles ont couru des risques pour les faire naître et les recueillir en plus grande abondance, parceque leur emploi journalier et continuel est d’en produire à l’avenir de semblables. Mais ces subsistances, ces matieres premieres ne sont encore entre leurs mains que dans l’état brut de leur simplicité primitive ; elles y sont distribuées dans l’ordre de la récolte, et non dans l’ordre de la consommation ; elles ne forment pas encore, à proprement parler, des objets de jouissances tout préparés. C’est à votre industrie qu’il appartient de les façonner, de les voiturer, de les échanger de telle sorte qu’il en résulte de vraies jouissances effectives. Vos facultés, vos talents, votre volonté sont à vous. Les deux lignes des cultivateurs, celle des propriétaires fonciers, celle des mandataires de la souveraineté, ont respectivement besoin de votre industrie, de vos travaux, autant que vous en avez de leurs denrées ; faites avec chacun d’eux des conventions libres, qui vous procureront aux uns et aux autres des jouissances utiles et agréables. En tenant ce langage, vous ne craignez pas de paroître injuste et déraisonnable à cette foule d’hommes qui composent la cinquieme ligne ; aucun d’eux n’a de prétentions directes sur aucun sol, ni sur aucune récolte en particulier, ne s’occupant d’aucun des travaux fructifiants. Ils savent tous qu’ils ne traitent point immédiatement avec la terre, mais avec les cultivateurs, les propriétaires, les agents de l’autorité suprême. Ils n’avoient donc que deux intérêts, relativement au partage dont vous venez d’être l’arbitre. Le premier de ces intérêts, c’étoit que la loi de sagesse et de justice fût observée par vous vis-à-vis de tous les prétendants, afin que de votre partage il pût résulter le maintien et la perfection de toutes les exploitations productives et des récoltes qui en sont la suite, non leur dégradation et leur ruine ; car il est évident que le sort de leur ligne deviendroit pire, si la masse des subsistances et des matieres premieres alloit en diminuant au lieu de s’accroître. Leur second intérêt général et universel, c’est qu’après la récolte et le partage que vous en avez fait entre les quatre premieres lignes, vous leur fassiez à tous et à chacun d’eux pleine liberté d’employer