Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/155

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Troisiemement enfin, quand même il se glisseroit quelques petites erreurs favorables aux propriétaires dans les détails de l’estimation et de la perception, ce ne seroit pas un très grand mal : car enfin, il est assez évident que cette petite faveur tourneroit tôt ou tard à l’amélioration de l’héritage foncier, à l’accroissement de la culture, et par une suite nécessaire, à l’augmentation du revenu de la souveraineté. Mais quoi, dit-on encore, vous voudriez que des époques fixes et réglées, on refit de nouvelles estimations comme les propriétaires font de nouvelles fermes ? Oui sans doute, afin que la souveraineté fût toujours et réellement en société, en partage effectif de profits et de pertes avec la classe propriétaire et cultivatrice ; ce qui la met aussi en société réelle avec la classe stérile, dont le sort dépend évidemment de la prospérité des deux autres. C’est là un des principaux liens économiques des sociétés policées, celui qu’on a le plus négligé dans les etats mal organisés, qui n’en ont que trop souffert. Consultons d’abord la justice. Croyez-vous que les propriétaires fonciers, proprement dits et uniquement considérés comme tels, qui améliorent leurs revenus, soient les seuls à opérer cette amélioration ? Vous seriez dans une grande erreur. Tout accroissement des revenus territoriaux suppose nécessairement trois causes réunies ; la perfection de l’art social exercé par les mandataires de l’autorité, la perfection de l’art productif exercé par les cultivateurs en chef. Faites tant qu’il vous plaira des avances foncieres, si d’une part le désordre, la licence et l’injustice regnent dans l’etat ; si les vexations, les monopoles, les prohibitions, les taxes s’y multiplient ; si les grandes propriétés communes, si l’instruction et l’émulation s’y dégradent, croyez-vous que vos revenus s’accroissent autant par le moyen des mêmes avances foncieres, que si l’instruction, la protection, l’administration alloient en se perfectionnant ? C’est évidemment la chose impossible. Ne vous imputez donc pas à vous seul d’être cause de l’accroissement de votre revenu foncier : car ce seroit une ingratitude très injuste envers l’autorité qui remplit de mieux en mieux ses fonctions de souverain, comme vous remplissez de mieux en mieux les vôtres de propriétaire. Et remarquez bien encore cette vérité très importante, que l’accroissement