Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/162

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trouve en chemin les taxes de toute espece qui augmentent ma dépense d’environ moitié ; je ne jouis donc [360] effectivement que d’environ trois mille livres.

L’Etat qui fait prélever ou anéantir sur mon revenu pour le moins quatre mille livres, et qui en fait percevoir au moins trois mille sur mes dépenses, n’en retire pas quatre mille quitte et net de ces deux perceptions, parceque les pertes, les frais et faux frais absorbent le reste ; mais quand il dépense ces quatre mille livres, il paie lui-même les taxes, et ne jouit que pour environ deux mille livres tout au plus.

Si la perception eût été directe, économique, ma terre eût rapporté dix mille francs au moins ; j’en aurois donné trois au trésor public ; j’aurois joui de sept sans surcharge : l’Etat auroit joui de trois sans nulle surcharge.

Voilà où est le cercle vicieux des calculs fiscaux ; l’anéantissement des revenus, et le renchérissement des dépenses, occasionnés par les taxations diverses en sont le vrai dénouement, qui [361] rend palpable la fausseté d’un pareil sophisme.

Le prix de ma ferme n’est point mon vrai revenu, tel qu’il seroit si on supprimoit tous les droits quelconques ; l’état de ma dépense n’est point le prix que mes jouissances me couteroient dans le cas de cette suppression.

Par la même raison, les revenus de l’Etat perçus économiquement sur mes vrais revenus, seroient aussi très considérablement au-dessus de l’estimation actuelle, et ses dépenses au-dessous du prix qu’elles coutent aujourd’hui.

Quatriemement enfin, s’il étoit malheureusement vrai qu’après la restitution du revenu à son véritable état, et après la réduction des dépenses à leur juste valeur, six vingtiemes ou trois dixiemes du produit net territorial actuel ne suffiroient pas aux dépenses ordinaires et accoutumées. Il n’y auroit qu’une conclusion juste et raisonnable à tirer [362] de cette vérité, ce seroit la necessité de restreindre les objets de dépense : et quel est l’empire où cette restriction ne pût pas être opérée dès qu’elle seroit prouvée nécessaire ?

En effet, où est l’Etat policé dont l’administration soit tellement réglée, qu’on n’y puisse trouver aucun objet de dépense qui ne soit absolument indispensable en lui-même, aucun qui ne soit payé beaucoup plus qu’il ne pourroit l’être, soit à cause de la multiplica-