Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/161

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Les taxations de toute espece renchérissent évidemment les soldes annuelles, et les salaires journaliers ; elles augmentent donc évidemment toutes les dépenses : de la naissent deux fautes de calcul.

Premierement, il ne faut point comparer l’état d’un propriétaire foncier qui retireroit telle somme de revenu quitte et net annuellement de ses terres, mais qui ne paieroit plus rien sur ses consommations ou sur ses jouissances quelconques, ni par lui-méme immédiatement, ni médiatement par les ouvriers ou salariés qu’il emploie pour se les procurer, avec l’état d’un propriétaire qui reçoit annuellement la même somme de ses fonds, mais qui trouve tous les travaux, toutes les [358] marchandises renchéries par des taxes.

Mille francs avec l’immunité parfaite de tous droits sur les personnes, les actions et les objets de jouissances valent souvent plus pour le bien être, que deux mille avec toutes les exactions de l’art fiscal renouvellé des Grecs et des Romains.

Secondement, il ne faut de même établir aucune comparaison entre la richesse, la puissance d’un Prince qui jouiroit de tel revenu total annuel, mais seroit obligé de salarier tous ses mandataires, tous ses fournisseurs, tous ses employés quelconques, à proportion des surcharges occasionnées à leurs dépenses par mille et mille sortes de taxations ; et la richesse, la puissance d’un autre Prince qui jouiroit d’un revenu parfaitement égal, mais dont les mandataires, fournisseurs et employés quelconques n’éprouveroient aucune sorte de surcharge dans leur dépenses, étant affranchis de [359] toute espece d’exaction sur les travaux et sur les objets de jouissances.

C’est encore un de ces objets qu’on connoît en général, qu’on sait être fort considérable, mais qu’il est comme impossible de calculer avec précision.

Voici donc le vrai sens de cette objection si spécieuse et qu’on a cru si solide. Le tiers ou même les deux tiers des revenus apparents actuels, qui ne sont pas la moitié des revenus réels, ne suffiroient pas pour les dépenses actuelles qui sont le double au moins des vraies dépenses. Donc le retour à l’ordre naturel qui feroit plus que doubler les vrais revenus, et que diminuer de moitié les dépenses, est un systême impraticable.

Pour en sentir la solidité, faites cet exemple. Ma terre me rapporte six mille francs, et quand je veux dépenser cette somme, je