Aller au contenu

Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ils cru que c’étoit une objection proposable contre les principes de la science économique, et notamment contre le premier de tous, savoir l’efficacité de l’instruction ? Vous supposez, nous ont-ils dit, les hommes parfaits, sans ignorance, sans passions, et dès-là vous êtes dans la région des chimeres et des abstractions métaphysiques. Oui nous le supposons, quand il s’agit de définir le point de la plus grande perfection possible. Toutes les sciences et tous les arts en font autant, c’est par-là même qu’ils sont arts et sciences ; car sans cela ils ne seroient que tâtonnements et routines aveugles. Mais ces chimeres jugent les réalités : elles sont d’autant meilleures qu’elles s’en éloignent moins, d’autant plus mauvaises qu’elles s’en écartent davantage. Oui, pour qu’un etat fût en réalité une monarchie économique de toute perfection, il faudroit que les idées et les sentiments qui résultent de l’instruction morale économique, fussent toujours présents et agissants dans tous les esprits et dans tous les cœurs ; ce qui est impossible à espérer, et même, si vous voulez, chimérique à imaginer. Tout de même que pour faire une montre de toute perfection, il faudroit des métaux absolument parfaits, travaillés avec une attention et une exactitude parfaite, par un homme parfaitement instruit, parfaitement adroit ; ce qui est impossible à espérer, et même chimérique à imaginer. J’ose croire qu’après cette explication les hommes instruits rougiront désormais de nous faire cette objection tant rebattue jusqu’à présent. L’idée métaphysique de monarchie économique toute parfaite, étant donc prise pour modele, pour but vers lequel on doit tendre sans cesse, sans jamais espérer de l’atteindre entiérement, on verra que sa toute-perfection consiste principalement dans la persuasion intime, spéculative et pratique universelle et continuelle du code éternel de justice et de bienfaisance naturelle, persuasion qui est l’effet le plus complet possible de l’instruction morale économique, de l’instruction la plus parfaite imaginable. De ce principe désormais incontestable, à ce que j’ose croire, ils concluront que le perfectionnement progressif et continuel de cette instruction publique sur le code éternel, emporte nécessairement par lui-même le perfectionnement progressif et continuel des sociétés policées.