Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/182

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C’est-à-dire que ce perfectionnement de l’instruction morale économique, après avoir écarté de plus en plus l’idée fatale et absurde du pouvoir soi-disant législatif arbitraire, qui sert de base au despotisme déréglé d’un ou de plusieurs, rendroit de plus en plus les passions humaines moins funestes et moins dangereuses, tant les passions des hommes dépositaires des forces et des richesses combinées par l’art social, que celles des hommes propriétaires de leurs seules forces, de leurs seules richesses privées. On en conclura 1⁰ que de multiplier ou de diminuer le nombre de ceux dont les volontés aveugles, usurpatrices, désastreuses, forcent des aveugles à souffrir ou à opérer des usurpations, des vexations ; 2⁰ que détruire les uns pour les remplacer par d’autres, ce n’est pas le vrai remede aux maux que fait souffrir nécessairement à l’humanité tout attentat contre les propriétés et les libertés ; et qu’un seul rayon de lumiere économique répandu, conservé dans un peuple, vaut mille fois plus que toutes les révolutions, toutes les institutions dont l’histoire nous présente le détail avec la preuve trop complette de leur inutilité. On en conclura que dans les etats mixtes (quelque nombre d’hommes qui soit renfermé sous ce titre de souverain, quelque espece de forme qui soit usitée pour opérer ce qu’on appelle loi,) la perfection ou la prospérité sera toujours proportionnelle à l’instruction morale économique, toujours à la persuasion intime spéculative et pratique du code éternel de justice et de bienfaisance. Avec elle tout est bon, tout est efficace ; sans elle tout est mauvais, tout est inutile. Quand on invoque des loix fondamentales, si ce sont les loix de ce code sacré, immuable, imprescriptible, dicté par la nature et son auteur suprême, on a toujours droit et raison à la face du ciel et de la terre ; mais cette réclamation toujours sainte et légitime, qui ne peut être rejettée sans crime, est d’autant plus sure de son effet, que ce code divin est plus connu, plus respecté, plus chéri. Si par pouvoirs intermédiaires on entend le pouvoir des consciences vraiment éclairées, des ames pénétrées d’horreur pour le crime, d’un culte religieux pour la loi de justice, d’un amour tendre et généreux pour l’ordre bienfaisant, on a toujours raison de compter sur sa force ; mais elle sera d’autant plus irrésistible qu’ils seront en plus grand nombre, et plus animés de ces sentiments sublimes. Si l’on entend par contreforces l’état des mandataires et des coopé