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Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/183

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rateurs de l’autorité souveraine, sollicités d’un côté par leurs passions privées, par leurs intérêts exclusifs, usurpatifs et vexatoires, retenus de l’autre par leur propre sentiment intérieur de la justice et de l’ordre, par la lumiere qui éclaire leurs consorts et leurs égaux, par celle des peuples qu’ils ont à protéger, instruire ou rendre prosperes, par celle des hommes qui les surveillent et les régissent eux-mêmes, on a raison de croire à leur efficacité ; mais elle est d’autant plus certaine, que ces lumieres générales qui sont contreforces des passions particulieres, sont plus vives et plus répandues. Si vous appellez loix fondamentales des volontés humaines, qui ne soient pas fondées sur la loi de justice essentielle et d’ordre naturel de bienfaisance ; si vous opposez ces commandements arbitraires au langage de la raison, à l’intérêt universel, vous avez tort, vous manquez au respect que nous devons tous au législateur suprême, vous blessez les droits de l’humanité. Si vous appellez pouvoir intermédiaire la faculté d’empêcher même ce qui est bien, et de nécessiter même ce qui est mal, d’arrêter ou de dévoyer l’autorité instruisante, protégeante, administrante, vous avez tort, et vous résistez d’une maniere funeste à l’ordre bienfaisant. Si vous appellez enfin contreforces le choc des passions aveugles, exclusives, oppressives, usurpatrices, contre d’autres passions aveugles, exclusives, oppressives, usurpatrices, comme l’entendent et l’expliquent formellement de célebres modernes, vous avez tort encore, parceque vous substituez la guerre à la paix, les combats à la société, la lumiere aux ténebres, les vices et les crimes aux bienfaits et à la vertu. Il est certain, comme vous dites, que si deux hommes sont acharnés l’un contre l’autre, il vaut mieux qu’ils se tiennent colletés à force égale autant qu’il est possible, et qu’ils épuisent leurs forces en vaines tentatives l’un contre l’autre, que si l’un prévaloit pour assommer son adversaire ; mais il vaudroit beaucoup mieux qu’ils ne se battissent point, qu’ils ne fussent point ennemis, et que connoissant l’égalité de leurs forces, écoutant d’ailleurs la raison et la justice, ils allassent en paix chacun à leur ouvrage. Cette lutte continuelle des dépositaires de l’autorité, qui se colletent sans cesse (même à forces égales, ce qui seroit la sublime perfection d’un systême tant vanté et si peu digne de l’être), est évidemment