Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/198

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Article VI — Analyse politique des relations d’intérêt qui unissent ou qui divisent les Nations entr’elles.=== Si le sol de la planete que nous habitons étoit par-tout le même ; si l’aspect du soleil et les influences du ciel n’y causoient aucune variété de climat ; si les trois arts caractéristiques des sociétés policées s’y exerçoient précisément de même maniere et avec les mêmes résultats ; si on pouvoit dire enfin, toute terre rapporte toujours toutes especes de productions en même quantité et même qualité, qui sont partagées et employées de même ; en ce cas les nations pourroient s’isoler et n’avoir aucune relation entr’elles. Mais remarquons d’abord qu’elles n’auroient aucun motif juste et raisonnable de jalousies, d’inimitiés et de guerres. Je dis les nations et les citoyens qui les composent. Mais la variété des climats, du sol et de ses productions naturelles dans les trois regnes animal, végétal ou minéral, les différences encore plus grandes entre les hommes et les trois arts caractéristiques des sociétés policées, produisent évidemment cet effet parmi nous, que plusieurs des jouissances utiles ou agréables qui servent à votre bien-être, vous sont procurées par des hommes, des productions et des travaux qu’on appelle étrangers. Ce mot est devenu depuis long-temps un signal de combat parmi les hommes. Un préjugé fatal, mais presque universel, a fait confondre les idées d’étranger et d’ennemi, non seulement dans la spéculation, mais même dans la pratique. On a regardé les nations comme nécessairement constituées dans un etat de guerre l’une contre l’autre : on a pour ainsi dire sanctifié ce préjugé malheureux, on en a fait une vertu sous le nom de patriotisme. Si les productions de la terre façonnées ou récoltées sur le sol d’un etat étranger, étoient funestes et mortelles pour les citoyens d’un autre empire, il est évident qu’il faudroit s’interdire toute communication de peuple à peuple ; encore n’en résulteroit-il pas un etat formel de guerres et de combats. Mais la nature bienfaisante ayant attaché le bonheur des individus, la propagation de l’espece aux productions diverses qui naissent d’un pole à l’autre, et sous l’un et sous l’autre hémisphere ;