Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/201

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Rien de si simple que ces réflexions : elles vous montrent avec évidence quels sont les vrais amis, quels sont les vrais ennemis d’une nation fraternelle qui communique avec toutes les nations, pour leur bien-être et pour le sien. Nos ennemis, vous diroit-elle, sont ceux qui empêchent, qui troublent, qui détruisent quelque part que ce soit sur la terre les travaux de l’art social, ceux de l’art productif, ceux de l’art stérile, parcequ’il résulte de leurs hostilités contre cette branche de la famille universelle, un vuide nécessaire dans la production de ses denrées et de ses ouvrages, dont nous recevions notre part ; un vuide par conséquent dans la consommation de nos denrées et de nos ouvrages dont elle recevoit sa part en échange. Nos vrais amis sont ceux qui perfectionnent, en quelque lieu que ce soit, ces trois arts caractéristiques des sociétés policées, parcequ’il est impossible que le commerce parfaitement libre et la fraternité générale ne nous communiquent pas tôt ou tard d’une maniere plus ou moins immédiate notre portion de l’accroissement des objets de jouissances qui résultent nécessairement de cette perfection des trois arts. Au reste, elle est aussi simple dans la pratique même, que dans la spéculation, cette fraternité générale ; elle consiste uniquement dans le respect inviolable des propriétés et des libertés des hommes quelconques ; c’est-à-dire, dans l’accomplissement de la loi générale éternelle de justice par essence. Il est étonnant que des philosophes, même des plus célebres, se soient donné tant de peines pour chercher ailleurs les principes du droit des gens, comme s’ils étoient autre chose que ceux du droit naturel et du droit social des etats. Ne jamais usurper nulle propriété, ne jamais violer nulle liberté, c’est le commandement universel qui lie tous les hommes, en tous les cas, les souverains et les peuples autant et tout de même que chaque individu. Ce qui distingue et caractérise les nations, c’est l’autorité qui les éclaire par l’instruction, qui les garantit par la protection, qui les enrichit par l’administration. Tous les hommes qui vivent habituellement et à demeure sous le pavois de l’autorité tutélaire et bienfaisante, sont de la nation, ils composent le peuple, ils appartiennent à l’etat ou à la société policée. Ceux-là profitent immédiatement des travaux de l’art social