Page:Baudelaire - Œuvres posthumes, I, Conard, 1939.djvu/228

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de la Grande-Armée, qui est un superbe livre. Quant à M. le prince, c’est un porphyrogénète, purement et simplement. "Lui aussi, il s’est donné la peine de naître… Il aura jugé, dans sa conscience scrupuleuse, qu’il se devait à un éloge public du père Lacordaire, et il se dévoue."

Quelqu’un qui a connu, il y a vingt-deux ou vingt-trois ans, ce petit bonhomme de décadence nous affirme qu’aux écoles il avait acquis une telle vélocité de plume qu’il pouvait suivre la parole et représenter à son professeur sa leçon intégrale, stricte, avec toutes les répétitions et négligences inséparables. Si le professeur avait lâché étourdiment quelque faute, il la retrouvait soigneusement reproduite par le manuscrit du petit prince. Quelle obéissance ! et quelle habileté !

Et depuis lors, qu’a-t-il fait, ce candidat ? Toujours la même chose. Homme, il répète la leçon de ses professeurs actuels. C’est un parfait perroquet que ne saurait imiter Vaucanson lui-même.

L’article de M. Sainte-Beuve devait donner l’éveil à la presse. En effet, deux nouveaux articles sur le même sujet viennent de paraître, l’un de M. Nefftzer, l’autre de M. Texier. La conclusion de ce dernier est que tous les littérateurs de quelque mérite doivent oublier l’Académie et la laisser mourir dans l’oubli. Finis Poloniœ. Mais les hommes tels que MM. Mérimée, Sainte-Beuve, de Vigny, qui voudraient relever l’honneur de la compagnie à laquelle ils appartiennent, ne peuvent encourager une résolution aussi désespérée.