Savez-vous bien, Monsieur, que vous parlez de Byron trop légèrement ? Il avait votre qualité et votre défaut, — une grande abondance, un grand flot, une grande loquacité, — mais aussi ce qui fait les poètes : une diabolique personnalité. En vérité, vous me donnez envie de le défendre.
Monsieur, j’ai reçu souvent des lettres injurieuses d’inconnus, quelquefois anonymes, des gens qui avaient sans doute du temps à perdre. J’avais du temps à perdre ce soir, j’ai voulu imiter à votre égard les donneurs de conseils qui m’ont souvent assailli.
Je suis un peu de vos amis ; quelquefois même je vous ai admiré. Je connais à fond la sottise française, et pourtant, quand je vois un littérateur français (faisant autorité dans le monde) lâcher des légèretés, je suis encore pris de rages qui font tout pardonner, même la lettre anonyme.
Je vous promets qu’à la prochaine visite que j’aurai le plaisir de vous faire je vous ferai mon mea culpa, non pas de mes opinions, mais de ma conduite.
II
Monsieur, je fais ma pâture de vos feuilletons, — dans l’Indépendance, laquelle vous manque un peu de respect quelquefois et vous montre quelque ingratitude. Les présentations à la Buloz. Auguste Barbier à la Revue de Paris. Le Désaveu. L’Indépendance a des convictions qui ne lui permettent pas de s’apitoyer sur le malheur des reines. Donc je vous lis ; car je suis un peu de vos amis, si toutefois vous croyez, comme moi, que l’admiration engendre une sorte d’amitié.
Mais le feuilleton d’hier soir m’a mis en grande rage. Je veux vous expliquer pourquoi.
Henri Heine était donc un homme ! Bizarre. Catilina était donc un homme. Un monstre pourtant, puisqu’il conspir