et peut-être, dans sa lutte avec ce rare modèle, devait-il, par là même, ne pas échapper au danger d’exagérer ce qu’on imite et de trop prodiguer les couleurs qu’on emprunte. (Tribune moderne, page 37.)
J’allais d’arbre en arbre, a-t-il raconté, me disant : "Ici, plus de chemins, plus de villes, plus de monarchies, plus de rois, plus d’hommes ; et, pour essayer si j’étais rétabli dans mes droits originels, je me livrais à des actes de volonté, qui faisaient enrager mon guide, lequel, dans son âme, me croyait fou." Je ne sais mais je crains que dans ce sentiment si vif des droits originels et dans ces actes de volonté sans nom, il n’y eût surtout une réminiscence des rêveries anti-sociales de Rousseau et de quelques pages d’Emile. Le grand écrivain n’était encore que copiste. (Tribune moderne, page 53.)
Il touche d’abord à l’île de Guernesey, puis à Jersey, dans cet ancien refuge où devait, de nos jours, s’arrêter un autre proscrit, d’un rare et puissant esprit poétique, qu’il employa trop peut-être à évoquer dans ses vers le prestige oppresseur, sous lequel il fut accablé. (Tribune moderne, page 62.)
Ce fut après un an des agitations de Paris, sous la Constituante, que, vers janvier 1791, M. de Chateaubriand, sa résolution bien prise et quelques ressources d’argent recueillies, entreprit son lointain voyage. Une telle pensée ainsi persistante était sans doute un signe de puissance de volonté dans le jeune homme, dont elle développa le génie ; mais, peut-être trouvera-t-on plus d’orgueil que de vérité dans le souvenir que lui-même avait gardé de ce premier effort et dans l’interprétation qu’il lui donnait, quarante ans plus tard : "J’étais alors, dit-il, dans ses Mémoires, en se reportant à 1791, ainsi que Bonaparte, un mince sous-lieutenant tout à fait inconnu. Nous partions l’un et l’autre de l’obscurité, à la même époque, moi, pour chercher ma renommée dans la solitude, lui, sa gloire, parmi les hommes."
Ce contraste est-il vrai ? Ce parallèle n’est-il pas bien ambitieux ? Dans la solitude, vous cherchiez, vous aussi, la gloire parmi les hommes. Seulement, quel que soit l’éclat du talent littéraire, cet antagonisme de deux noms dans un siècle, ce duel de célébrité, affiché plus d’une fois, étonnera quelque peu l’avenir. Tite-Live ne se mettait pas en concurrence avec les grands capitaines de son Histoire. (Tribune moderne, page 37.)
Nous le disons avec regret, bien que M. de Fontanes ait été le premier ami et peut-être le seul ami du grand écrivain, plus jeune que