Page:Baudelaire - Œuvres posthumes 1908.djvu/231

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« Commencez par le commencement. — Qu’est-ce que le commencement ? — (A voix très basse.) C’est Dieu. — Dieu esl-il esprit ? — Non. — Est-il donc matière ? — Non. » Suit une très vaste théo- rie de la matière, des gradations de la matière et de la hiérarchie des êtres. J’ai publié ce morceau dans un des numéros de la Liberté de penser, en i848.

Ailleurs, voici le récit d’une âme qui vivait sur une planète disparue. Le point de départ a été : peut-on, par voie d’induction et d’analyse, deviner quels seraient les phénomènes physiques et moraux chez les habitants d’un monde dont s’approcherait une comète homicide?

D’autres fois, nous trouvons du fantastique pur, moulé sur nature, et sans explication, à la manière d’Hoffmann : P Homme des foules se plong-e sans cesse au sein de la foule ; il nag-e avec délices dans l’océan humain. Quand descend le crépuscule plein d’ombres et de lumières tremblantes, il fuit les quartiers pacitiés, et recherche avec ardeur ceux où grouille vivement la matière humaine. A mesure que le cercle de la lumière et de la vie se rétrécit, il en cherche le centre avec inquiétude ; comme les hommes du déluge, il se cramponne désespérément aux derniers points culminants de l’agitation publi- que. Et voilî\ tout. Est-ce un criminel qui a horreur de la solitude? Est-ce un imbécile qui ne peut pas se supporter lui-même ?

Quel est l’auteur parisien un peu lettré qui n’a pas lu le Chat noir? Là, nous trouvons des qua- lités d’ordre différent. Comme ce terrible poème du crime commence d’une manière douce et innocente ! « Ma femme et moi nous fûmes unis par une grande