Page:Baudelaire - Œuvres posthumes 1908.djvu/250

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des yeux des petits oiseaux, comme fait Herschell, le héros du canard de M. Locke. Enfin, les verres de son télescope ont été fabriqués chez MM. Hartley et Grant ; or, dit Poe d’une manière triomphale, ces messieurs avaient cessé toute opération commerciale plusieurs années avant la publication du hoax.

A propos d’une espèce de rideau de poils qui ombrage les yeux d’un bison lunaire, Herschell (Locke) prétend que c’est une prévoyance de la nature pour protéger les yeux de l’animal contre les violentes alternatives de lumière et de ténèbres auxquelles sont soumis les habitants du côté de la lune qui regarde notre planèle. Mais ces alternatives n’existent pas ; ces habitants, s’il y en a, ne peuvent pas connaître les ténèbres. En l’absence du soleil, ils sont éclairés par la terre.

Sa topographie lunaire met, pour ainsi dire, le cœur à droite. Elle contredit toutes les cartes, et se contredit elle-même. L’auteur ignore que sur une carte lunaire l’orient doit être à gauche.

Illusionné par les vagues appellations telles que Mare Nubium, Mare Tranquillitatis, Mare Fecunditatis, que les anciens astronomes ont données aux taches de la lune, M. Locke entre dans des détails sur les mers et les masses liquides de la lune. Or, c’est un point d’astronomie constaté qu’il n’y en a pas.

La description des ailes de son homme chauve-souris est un plagiat des insulaires volants de Peter Wilkins. M. Locke dit quelque part : « Quelle prodigieuse influence notre globe treize fois plus gros a-t-il dû exercer sur le satellite, quand celui-ci n’était qu’un embryon dans les entrailles du