Page:Baudelaire - Œuvres posthumes 1908.djvu/251

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temps, le sujet passif d’une affinité chimique !» C’est fort sublime ; mais un astronome n’aurait pas dit cela, et surtout ne l’aurait pas écrit à un journal scientifique d’Edimbourg. Car un astro- nome sait que la terre, — dans le sens voulu par la phrase, — n’est pas treize fois, mais bien qua- rante-neuf fois plus grosse que la lune.

Mais voici une remarque qui caractérise bien l’esprit analytique de Poe. « Comment, dit-il, Her- schell voit des animaux distinctement, les décrit minutieusement, formes et couleurs ! C’est là le {■à\id\m faux observateur ! Il ne sait pas son rôle de fabricant de hoaœes. Car, quelle est la chose qui doit immédiatement, avant tout, saisir, frapper la vue d’un observateur vrai, dans le cas où il verrait des animaux dans la lune, — bien que cette chose, il eût pu la prévoir : — « Ils marchent les pieds en haut et la tête en bas, comme les mouches au plafond \ » — En effet, voilà le cri de la nature.

Les imaginations relatives aux végétaux et aux animaux ne sontnullement basées sur l’analogie ; — les ailes de Vhomme chauve-souris ne peuvent pas le soutenir dans une atmosphère aussi rare que celle de la lune ; — la transfusion d’une lumière artificielle à travers l’objectif est un pur amphi- gouri ; — s’il ne s’agissait que d’avoir des télesco- pes assez forts pour voir ce qui se passe dans un corps céleste, l’homme aurait réussi, mais il faut que ce corps soit éclairé suffisamment, et plus il est éloigné, plus la lumière est diffuse, etc..

Voici la conclusion de Poe, qui n’est pas peu curieuse pour les gens qui aiment à scruter le cabi- net de travail d’un homme de génie, — les papiers carrés de Jean-Paul embrochés dans du fil, — les