Et la carpe au ventre argenté ; Le brochet g-ourmand, à la trace, Suit le goujon épouvanté.
A travers la vitre profonde, Je revois la friture blonde Et le vin bleu que je buvais Lorsque j’étais encore au monde Avec la femme que j’aimais.
A l’amphithéâtre (i)
Sur la pierre froide elle est toute nue ; Ses g-rands yeux jaunis sont restés ouverts. Sa chair est livideavec des tons verts, Carie corps est vieux et la morte pue.
Bouchez-vous le nez ; admirez pourtant : Elle est encor belle et sa pourriture, Dans une impudique et folleposture, Attendant lever, son dernier amant.
Elle va goûter de tristes caresses,
Et pour consommer ce lugubre amour,
Elle a conservé le délire lourd,
Le charme malsain des vieilles ivresses.
Mes dégoûts subits pour ses baisers froids, J’en sais maintenant l’affreuse origine : N’était-elle pas cadavre et vermine Dans nos douloureux amours d’autrefois ?
(i) Le Figaro, 8 janvier i86g. « Paris au jour le jour », publié par Francis Magnard, à qui cette pièce avait été communiquée par M. Marius Houx, comme « détachée d’un ensemble qui porte ce titre général ; les Vieilles plaies ».