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premier, était certainement une audace et une audace très-réussie. — M. Corot est tout aussi fort cette année que les précédentes ; — mais l’œil du public a été tellement accoutumé aux morceaux luisants, propres et industrieusement astiqués, qu’on lui fait toujours le même reproche.

Ce qui prouve encore la puissance de M. Corot, ne fût-ce que dans le métier, c’est qu’il sait être coloriste avec une gamme de tons peu variée — et qu’il est toujours harmoniste même avec des tons assez crus et assez vifs. — Il compose toujours parfaitement bien. — Ainsi dans Homère et les Bergers, rien n’est inutile, rien n’est à retrancher ; pas même les deux petites figures qui s’en vont causant dans le sentier. — Les trois petits bergers avec leur chien sont ravissants, comme ces bouts d’excellents bas-reliefs qu’on retrouve dans certains piédestaux des statues antiques. — Homère ressemble peut-être trop à Bélisaire. — Un autre tableau plein de charme est Daphnis et Chloé — et dont la composition a comme toutes les bonnes compositions — c’est une remarque que nous avons souvent faite — le mérite de l’inattendu.

FRANÇAIS

est aussi un paysagiste de premier mérite — d’un mérite analogue à Corot, et que nous appellerions volontiers l’amour de la nature — mais c’est déjà moins naïf, plus rusé — cela sent beaucoup plus son peintre