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IV

LES MARTYRS RIDICULES
PAR LÉON CLADEL[1]


Un de mes amis, qui est en même temps mon éditeur, me pria de lire ce livre, affirmant que j’y trouverais plaisir. Je n’y consentis qu’avec une excessive répugnance ; car on m’avait dit que l’auteur était un jeune homme, et la Jeunesse, dans le temps présent, m’inspire, par ses défauts nouveaux, une défiance déjà bien suffisamment légitimée par ceux qui la distinguèrent en tout temps. J’éprouve, au contact de la Jeunesse, la même sensation de malaise qu’à la rencontre d’un camarade de collége oublié, devenu boursier, et que les vingt ou trente années intermédiaires n’empêchent pas de me tutoyer ou de me frapper sur le ventre. Bref, je me sens en mauvaise compagnie.

Cependant l’ami en question avait deviné juste ;

  1. Ces pages ont servi de préface au roman de M. Léon Cladel.