Page:Baudelaire - L'Art romantique 1869.djvu/442

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quelque chose lui avait plu, qui devait m’exciter moi-même ; ce n’était certes pas la première fois que je me trompais ; mais je crois bien que ce fut la première où j’éprouvai tant de plaisir à m’être trompé.

Il y a dans la gentry parisienne quatre jeunesses distinctes. L’une, riche, bête, oisive, n’adorant pas d’autres divinités que la paillardise et la goinfrerie, ces muses du vieillard sans honneur : celle-là ne nous concerne en rien. L’autre, bête, sans autre souci que l’argent, troisième divinité du vieillard : celle-ci, destinée à faire fortune, ne nous intéresse pas davantage. Passons encore. Il y a une troisième espèce de jeunes gens qui aspire à faire le bonheur du peuple, et qui a étudié la théologie et la politique dans le journal le Siècle ; c’est généralement de petits avocats, qui réussiront, comme tant d’autres, à se grimer pour la tribune, à singer le Robespierre et à déclamer, eux aussi, des choses graves, mais avec moins de pureté que lui, sans aucun doute ; car la grammaire sera bientôt une chose aussi oubliée que la raison, et, au train dont nous marchons vers les ténèbres, il y a lieu d’espérer qu’en l’an 1900 nous serons plongés dans le noir absolu.

Le règne de Louis-Philippe, vers sa fin, fournissait déjà de nombreux échantillons de lourde jeunesse épicurienne et de jeunesse agioteuse. La troisième catégorie, la bande des politiques est née de l’espérance de voir se renouveler les miracles de Février.

Quant à la quatrième, bien que je l’aie vue naître, j’ignore comment elle est née. D’elle-même, sans doute,