Page:Baudelaire - Les Fleurs du mal, Conard, 1922.djvu/457

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ne découvre point le périodique. Elle en trouve d’autres, réclamés en même temps, mais non celui-là. Sans doute toutes ces coïncidences peuvent n’être dues qu’au hasard; mais s’enchaîneraient-elles autrement si le poète avait pris jalousement ses précautions pour que sa mère ignorât toujours La Lune offensée ?

Et maintenant , ces trois pièces écartées et aussi celles qui sont entrées dans les Epaves, voyons de quoi se compose l’apport nouveau de la 3° édition. Il se compose des 11 pièces qui s’appellent : Madrigal triste , La Prière d’un Païen, Le Rebelle, L’Avertisseur, Epigraphe pour un livre condamné, Recueillement, Le Couvercle, Le Couvre, Les Plaintes d’un Icare, L’Examen de minuit, Bien loin d’ici, poésies, qui, toutes, on ne saurait le contester, par l’inspiration, la couleur et l’objet, s’adaptent au cadre des Fleurs du Mal. Dès lors n’y a-t-il pas la plus forte apparence que c’étaient elles, les pièces intercalaires de l’exemplaire préparé par Baudelaire, et elles encore que mentionnait l’acte de vente de 1867?

Quoi qu’on en décide, en tout cas, nous croyons l’avoir montré, la 3° édition, envisagée sous le rapport de son architecture, ne mérite pas crédit. Que l’on recoure à l’examen critique ou qu’on s’en rapporte aux termes de la note placée en tête des Epaves et aux protestations de Poulet-Malassis, on en vient à la même conclusion : Banville et Asselineau ont grossi démesurément les Fleurs, ils en ont gâté le cadre en le bourrant. Et même si l’on admet qu’ils pouvaient à la grande rigueur y faire entrer quelques-unes des pièces des Epaves, celles qui avaient paru antérieurement au Parnasse contemporain sous le titre de Nouvelles Fleurs du Mal[1], ils n’auraient jamais dû y loger par contre des pièces ne


  1. Nous disons parues antérieurement, parce que c’est un fait que la livraison du Parnasse contemporain qui contenait les Nouvelles Fleurs du Mal a paru le 31 mars 1866, tandis que les Epaves ne sont annoncées dans la Bibliographie de la Belgique qu’au cours du mois de juin. Mais il semble que les deux publications, dans leur préparation, soient à quelques jours près contemporaines, la lettre où Baudelaire demande à Sainte-Beuve des renseignements sur le Parnasse étant du 5 février 1866 et la dernière correction d’épreuves des Epaves datant des premiers jours de mars. Quand nous disons, d’autre part, qu’Asselineau et Banville pouvaient à la rigueur se croire autorisés à introduire dans les Fleurs les pièces des Epaves