Page:Baudelaire - Les Fleurs du mal, Conard, 1922.djvu/458

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présentant qu’un caractère occasionnel. Qu’ils aient droit à bien des circonstances atténuantes, nous l’avons dit dans notre Avertissement ; aux excuses que nous leur avons déjà trouvées, il convient d’ailleurs d’ajouter celle-ci, c’est que Baudelaire avant les Epaves, avait lui-même beaucoup varié, on l’a vu, dans ses projets de 3e édition. Mais enfin on ne peut que regretter vivement la liberté dont ils usèrent, puisqu’elle devait avoir pour conséquence, pendant cinquante ans, de mettre sous les yeux du lecteur un livre dont l’architecture est gâtée par des éléments parasites.

Ceci concédé sans réserve aux détracteurs de la 3e édition, y a-t-il lieu de les suivre aussi dans leur second grief, et de juger avec eux que les variantes de 1868 ne méritent pas confiance ? Notre réponse sur ce point ne sera pas moins nette que tout à l’heure. Non, nous ne l’admettons pas.

Nous ne l’admettons pas, d’abord parce que ce serait faire injure à Théodore de Banville et à Charles Asselineau, car autre chose est de se laisser aller à grossir un livre de morceaux appartenant à son auteur, autre chose de corriger cet auteur ; nous ne l’admettons pas parce que, pour quiconque a étudié Baudelaire dans ses habitudes et dans ses manuscrits, il ne saurait faire doute, dès lors qu’il avait laissé un exemplaire de préparation pour l’édition définitive, que celle-ci ne dût apporter de nombreuses corrections. — Il en mettait jusque sur les livres de ses amis ! — Nous ne l’admettons pas enfin, parce que le texte de 1868, si l’on prend la peine de l’étudier, apparaît souvent préférable aux autres.

Nous ne nions certes pas les tares de l’édition définitive. Nous en savons par cœur toutes les coquilles qui, avec le ressentiment des Baudelairiens, ont engendré bien des non-sens ou pauvretés :



    qui avaient également paru dans le Parnasse, c’est en tenant compte de l’esprit et de la couleur de ces pièces, mais non parce que nous attribuons une valeur spéciale au fait qu’elles avaient été réunies sous le titre de Nouvelles Fleurs du Mal. Ce titre, en effet, n’appartient pas à Baudelaire, c’est Catulle Mendès qui l’inventa pour servir les intérêts de sa publication. Des lettres (inédites et malheureusement non datées) de celui-ci, que nous avons sous les yeux, ne laissent point de doute sur ce point. Ajoutons que ces lettres ne permettent pas de décider si Baudelaire corrigea les épreuves du Parnasse contemporain.