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CHARLES BAUDELAIRE

sommes pour vous. C’est en pensant à vous que j’ai exigé de lui la promesse que, si je lui livrais deux fortes nouvelles en Juin et Juillet, publiées ou non publiées, il les paierait en argent ou en bil- lets, tout de suite.

Vous me prenez donc pour un ingrat ou un imbécile ? De vers, il n’en aura plus.

Vous me dites que vous avez relu mes vers. Vous auriez bien mieux fait de relire la Méthode de composition d’EdgAv Poe (Revue française).

Votre lettre m’a fait beaucoup de peine. Je vois que votre esprit versatile subit toutes les tempéra- tures. Si je pouvais courir à Alençon, j’y courrais tout de suite, non pas seulement pour m’amuser un peu, mais pour vous secouer. Vous voilà tout aux brochures politiques, et vous oubliez qu’il est dans la nature humaine de toujours dépenser 5 fr. pour acheter un roman, ou une stalle, au spectacle. Je ne vous remercie donc pas du tout de l’honneur que vous voulez bien faire exceptionnellement pour mes livres.il/e5 Fleurs du Mal resteront ; mes arti- cles critiques se vendront, moins rapidement peut- être qu’en un meilleurtemps, mais ils se vendront.

Quand même la guerre voyagerait de l’Italie sur le Rhin, les hommes voudront lire les disputes lit- téraires et les romans ; et c’est surtout quand tout le monde perd la tête qu’il y a bénéfice, et gros bénéfice, à ne pas la perdre. Bien au contraire de YonSjfai peur, pour vous, de cette négliffence rela- tivement aux choses littéraires.

Des quatre-vingts pages de la Revue contem^