Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/240

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brouille avec les gens, on les paie. Or, je ne suis pas payé ; il m’est dû encore 400 fr. que je voudrais bien expédier à Madame Aupick. Et notez bien que j’ai été insulté, insulté, par ces drôles qui ne savent même pas l’orthographe. Si je n’étais pas criblé d’affaires, j’aurais souffleté ce cuistre dans son cabinet… De plus, horreur ! ils ont perdu des feuillets du manuscrit, et je suis obligé de les recommencer !

Gardez pour vous mon soupçon sur M. A

Un tas d’affaires désagréables !

Voilà Guys, qui est bien un personnage fantastique, qui s’avise de vouloir faire un travail sur la Vénus de Milo ! et qui m’écrit, de Londres, de lui envoyer une notice de tous les travaux et hypothèses faits sur la statue. J’ai présenté à Guys Champfleury et Duranty, mais ils ont déclaré que c’était un vieillard insupportable. Décidément, les réalistes ne sont pas des observateurs ; ils ne savent pas s’amuser. Ils n’ont pas la patience philosophique nécessaire.

Et puis Méryon ! Oh ! ça, c’est intolérable. Delâtre me prie de faire un texte pour l’album. Bon ! voilà une occasion d’écrire des rêveries de dix lignes, de vingt ou trente lignes, sur de belles gravures, les rêveries philosophiques d’un flâneur parisien. Mais M. Méryon intervient, qui n’entend pas les choses ainsi. Il faut dire : à droite, on voit ceci ; à gauche, on voit cela. Il faut chercher des notes dans les vieux bouquins. Il faut dire : ici, il y avait primitivement douze fenêtres, réduites à six par l’artiste ; et enfin