Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/26

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Une fois débarrassé de cet hôtel maudit, quelques meubles étant loués, voilà comment j’arrange ma vie. Je puis trouver en dehors de mon revenu un minimum de 1.200 fr. Cela fait donc 300 fr. par mois, avec mon revenu. J’abandonne à Jeanne 50 fr., pour sa toilette. Elle est chargée de nous faire vivre, avec 150 fr. Je mets 50 fr. de côté, pour le loyer des meubles et de l’appartement. Puis, encore 50 fr. de côté, pour acheter plus tard des meubles à Paris, quand, ayant fait assez de besogne pour payer mes dettes, je jugerai à propos de revenir.

Quant à mes dettes, je viens pour la centième fois peut-être d’en faire le compte. Cela est affligeant, mais il faut que cela finisse. Je l’ai juré. Je dois en tout 21.236 fr. 50. — 14.077 fr. de billets souscrits ; 4.228 fr. de dettes non garanties par billets, au-dessus de 100 fr. ; 919 fr. 26 de petites dettes, au-dessous de 100 fr. ; et enfin 2.012 fr. 25 de dettes d’amis. Sur une masse aussi considérable, de combien de vols, ou de déshonnêtetés, ou de faiblesses n’ai-je pas été victime, comme l’affaire de R L dont vous trouverez plus loin le récit très exact.

Je me résume : vous avez commis une erreur. Quelques complaisances que vous ayez eues, je devais recevoir, au moins, à partir de mon arrivée ici, 200 fr. par mois ; or, 200 n’en font pas 400. Rappelez-vous que le total de l’année 49 était entièrement absorbé depuis Octobre. Si je vous engage à m’envoyer de suite Janvier et Février,