Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/271

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bale) de me laisser faire, chez n’importe qui, une édition d’Edgar Poe, plus chère que la sienne, à la condition de l’abandon de la moitié de mes droits d’auteur. Sous le joug, j’accepterais cette étrange condition, uniquement pour sauver mon livre de l’oubli.

Mais nous avons longuement le temps d’y penser. — Le jour où j’irai voir ma mère, je vous avertirai.

Il faut que je vous dise que M. Pincebourde manque totalement d’intelligence pour la distribution et le langage d’un livre. Croyez que je suis tout à fait sans mauvaise humeur, mais j’ai une idée fixe : c’est que toute librairie qui ne fait pas vendre plusieurs milliers d’un mauvais livre est coupable. — Vous lancez un livre contre Calonne. Est-ce que vous n’avez pas peur pour moi ? J’ai failli avoir avec lui un duel (sans blague) pour mes derniers vers ; jugez de sa rancune. Or, de plus, s’il y a dix-huit mois écoulés depuis Le Haschich, il n’y en a que cinq, depuis L’0pium. Et je ne suis plus son ami,

A GUSTAVE FLAUBERT

26 Juin 1860.

Mon cher Flaubert,

Je vous remercie bien vivement de votre excellente lettre. J’ai été frappé de votre observation, et, étant descendu très sévèrement dans le souvenir