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le pressentiment que je n’aurai pas le plaisir de vous trouver.

J’écris récemment à M. Dalloz une lettre ainsi conçue, à peu près :

Rendez donc compte des Paradis artificiels ! Je connais, au Moniteur, MM, un tel, un tel, etc…

Réponse de Dalloz :

Le livre est digne de Sainte-Beuve. (Ce n’est pas moi qui parle). Faites une visite à M. Sainte-Beuve, à ce sujet.

Je n’aurais pas osé y penser. De nombreuses raisons, dont je devine une partie, vous en éloignent peut-être, et peut-être aussi le livre ne vous plaît pas.

Cependant, j’ai, plus que jamais, besoin d’être soutenu, et je devais vous rendre compte de mon embarras.

Tout ce qui a été dit sur cet essai n’a pas, absolument pas, le sens commun.

P. S. — Il y a peu de jours, mais alors par pur besoin de vous voir, comme Antée avait besoin de la Terre, je suis allé rue Montparnasse. En route, je passai devant une boutique de pain d’épices, et l’idée fixe me prit que vous deviez aimer le pain d’épices. Notez que rien n’est meilleur dans le vin, au dessert, et je sentais que j’allais tomber chez vous, au moment du dîner.

J’espère bien que vous n’aurez pas pris le morceau de pain d’épices, incrusté d’angélique, pour une plaisanterie de polisson, et que vous l’aurez mangé avec simplicité.