Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/290

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dans une interprétation d’une idée quelconque par un artiste quelconque  ? Bracquemond va s’acharner à conserver ce qu’il pourra de sa planche. Ces fleurs étaient absurdes. Encore aurait-il fallu consulter les livres sur les analogies, le langage symbolique des fleurs, etc… Voulez-vous accepter un bon conseil, sérieusement ? Si vous tenez absolument à un frontispice, coupez proprement avec des ciseaux l’image de Langlois, et demandez à Bracquemond un fac-similé, strictement, rien de moins, rien de plus : le squelette, les branches, le serpent, Adam, Eve, tout. Seulement par ce moyen, vous arriverez à quelque chose. Qu’il ne se permette pas d’ajouter quoi que ce soit. Ce frontispice n’est plus le nôtre, mais il va au livre d’une façon telle quelle, il a ce privilège de pouvoir s’adapter à n’importe quel livre, puisque toute littérature dérive du péché. — Je parle très sérieusement.

Si vous ne faites pas cela, vous n’obtiendrez que des absurdités.

Au lieu de cela, que faites-vous ?

Vous offrez à l’esprit de Bracquemond une combinaison qui restera toujours obscure pour lui ; vous vous exposez de nouveau au même danger, le danger de n’être pas compris ; il ne sait pas ce que veut dire : squelette arborescent, puisqu’il n’a pas même voulu s’astreindre à votre croquis. Jamais, il ne pourra représenter les péchés sous forme de fleurs.

Croyez-moi, coupez la page de votre livre, et vous la recollerez délicatement, plus tard. Insistez