Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/314

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maintenant, et, avant très peu de jours, je vais les lui remettre. Je voudrais faire mieux encore, et la lettre désolée que j’ai reçue de vous hier matin me prouve que c’est urgent. Je reviendrai tout à l’heure là-dessus.

Mon grand éloignement de Paris n’a pas peu servi à la dilapidation, dans cet intervalle de quinze jours. En dehors de cela, mes dépenses forcées ont été de 20, chez T, de 25, chez S, de

10, chez G, et de 74, chez L (affaire

M ).

Ce que j’ai à recevoir, avant la fin du mois, se monte à 4oo fr.

Avant tout, je veux me soulager et vous dire ce que je n’ai dit à personne. Vous jugerez ce que j’ai enduré, et ce que j’endure encore. Je me suis sauvé de Neuilly, par dignité, ne voulant pas rester dans une situation honteuse et ridicule. Pendant vingt-cinq jours, je me suis trouvé en face d’un hom- me qui passait toutes ses journées dans la chambre de sa sœur, depuis 8 h. du matin jusqu’à 11 h. du soir, m’empêchant ainsi de prendre mon seul plai- sir, c’est à dire de causer avec une femme vieille et infirme. Quand j’ai voulu lui faire entendre, par la voix de sa sœur, que mon extrême gène ou un accident quelconque pouvaient nécessiter de sa part un effort pour soulager sa sœur et m’aider moi- même dans cette tâche, il m’a fait répondre que non, non, pour maintenant, et pour V avenir. Plus tard, il est revenu là-dessus^ offrant de faire quel- que chose, si, démon côté, je faisais une délégation