Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/315

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sui ^ c « |ui pouvait me rester de fortune personnelle. Peut-on concevoir un monsieur qui revient du bout du monde, qui tombe de la lune, qui ne s’est jamais inquiété de sa sœur, qui en est à faire ses premiè- res preuves de dévouement, et qui ose demander des g^aranties à celui qui a fait dix-neuf ans ce que le devoir ne lui commandait pas ? Oh ! ce n’est pas fini ! A travers beaucoup de pleurs, j’ai obtenu de la créature l’aveu que, depuis un an, son frère

’ ait ches elle y maïs qu’il lui avait prêté 200 fr. !!… 3iille pardons, mon cher Malassis, de vous entre- tenir de ces hontes. — Il m’a fallu vivre entre un drôle et une malheureuse femme dont le cerveau est affaibli. J’ai fui, j’en suis encore malade d’indi- gnation, j’ai le cerveau tout affadi, et croiriez- vous que j’ai du mal à écrire une heure de suite ?

Il y a quelques jours, vous m’avez ravi en m’écri- vant qu’avec de la résistance, de la patience et de la dissimulation., tout serait sauvé. Hier, vous m’é- crivez le contraire, ef vous prévoyiez un désastre. Ne se pourrait-il pas que ces variations dans votre idée vinssentd’alternatives d’espoir et dedécourage- inent,ou d’un manque de hardiesse de votre famille ? Il y a, au bout de votre tentative, de la gloire, et, peut-être, de l’argent : persévérez. Dans le cas de désastre, pensez aux Fleurs et aux Paradis, aux- quels j’attache de l’importance.

Quant à ma dette, je ne vois qu’une issue, c’est de vous donner sans cesse de petites sommes. Je cherche dans mes papiers, et je vois que j’ai su, en dix-huit mois, donner à l’Hôtel de Dieppe une