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A GUSTAVE FLAUBERT

3i Janvier 1862. ’

Mon cher Flaubert,

Vous êtes un vrai guerrier. Vous méritez d’être du bataillon sacré. Vous avez la foi aveugle de Ta- mitié, qui implique la vraie politique.

Mais, parfait solitaire, vous n’avez donc pas lu le fameux article de Sainte-Beuve sur TAcadémie et les candidatures. Ça a fait la conversation d’une semaine, et ça a dû retentir d’une façon violente dans l’Académie.

Maxime du Camp m’a dit que j’étais déshonoré ; mais je persiste à faire mes visites, bien que cer- tains académiciens aient déclaré (mais est-ce bien vrai ?) qu’ils ne me recevraient même pas chez eux. .l’ai fait un coup de tête dont je ne me repens pas. Ouand même je n’obtiendrais pas une seule voix, je ne m’en repentirai pas. Une élection a lieu le G Février, mais c’est à propos de la dernière (Lacor- daire, le 20 Février) que je tâcherai d’arracher deux ou trois voix. Je me trouverai seul (à moins qu’il ne surgisse une candidature raisonnable) en face du ridicuFe petit prince de Broglie, fils du duc, académicien vivant. Ces gens-là finiront par faire rélection de leurs concierges, si ces concierges sont orléanistes.

A bientôt, nous nous verrons sans duute.,1e rêve toujours la solitude, et, si je parlais avant votre

20.