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A SAINTE-BEUVE

Lundi soir, 3 Février 1862. Mon cher ami,

Je m’applique bien à deviner les heures qui sont pour vous des heures de vacances, et je n’y puis réussir. Je n’ai pas écrit un mot, suivant votre )nseil ; mais je continue patiemment mes visites, pour bien faire comprendre que je désire, à propos de l’élection en remplacement du Père Lacordaire, ramasser quelques voix d’hommes de lettres. Je crois que Jules vSandeau vous parlera de moi ; il m’a dit fort gracieusement : Vous me surprenez trop fard, mais Je vais m’ informer s’il y a quelque lose à faire pour vous.

J’ai vu deux fois Alfred de Vigny, qui m’a

gardé, chaque fois, trois heures. C’est un homme

admirable et délicieux, mais peu propre à l’action,

et dissuadant même de l’action. Cependant, il m’a

•’moigné la plus chaleureuse sympathie.

Vous ignorez que le mois de Janvier ©été, pour

i()i,un mois de chagrins,de névralgies… Je dis cela

jur expliquer l’interruption dans mes démarches.

J’ai vu Lamartine, Patin, Viennet, Legouvé, de

igny, Villemain (horreur !), Sandeau. Ma foi, je

me souviens plus des autres. Je n’ai pu trouver

i Ponsard, ni M. Saint-Marc Girardin, ni de Sacy.

J’ai, enfin, envoyé quelques exemplaires de

quelques livres à dix de ceux dont je connais les