338 CHARLES BAUDELAIRE
ouvrages. Cette semaine, je verrai quelques-uns de ces Messieurs.
J’ai fait, dans la Revue anecdotique (sans signer, mais ma conduite est infâme, n’est-ce pas ?), une analyse telle quelle de votre excellent article. Quant à l’article lui-même, je l’ai envoyé à M. de Vigny, qui ne le connaissait pas, et qui m’a témoigné l’envie de le lire.
Ouant aux politiqueurs, chez qui je ne puis trou- ver aucune volupté, j’en ferai le tour en voiture. Ils n’auront que ma carte, et non pas mon visage.
J’ai lu ce soir votre Pontmartin. Pardonnez-moi de vous dire : Que de talent perdu ! \\ y a, dans votre prodigalité, quelque chose qui parfois me scandalise. Il me semble que moi, après avoir dit : Les plus nobles causes sont quelquefois soutenues par des Jocrisses, j’aurais considéré mon travail comme fini. Mais vous avez des talents particuliers pour suggérer et pour faire deviner. — Même envers les bêtes les plus coupables, vous êtes délicieuse- ment poli. Ce monsieur Pontmartin est un grand haïsseur de littérature…
Je vous ai envoyé un petit paquet de sonnets. Je vous enverrai prochainement plusieurs paquets de rêvasseries en prose, sans compter un énorme travail sur les Peintres de mœurs (crayon, aqua- relle, lithographie, gravure).
Je ne vous demande pas si vous vous portez bien. Cela se voit suffisamment.
Je vous embrasse et vous serre les mains. — Je sors de chez vous.