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356 CHARLES BAUDELAIRE

ferez votre part, mais il faudra penser à Lécrivain. Car il me serait dur d’hypothéquer cette dette, renouvelée, sur les leçons de Novembre. (Relative- ment à ceci, c’est vous qui ferez le traité avec M. Yervoort.) Vers la fin d’Octobre; cela suffira. Tout à vous.

A JUDITH GAUTIER

Mademoiselle,

J’ai trouvé récemment, chez un de mes amis, votre article, dans Le Moniteur du 29 Mars dont votre père m’avait quelque temps auparavant com- muniqué les épreuves. Il vous a sans doute raconté l’étonnement que j’éprouvais, en les lisant. Si je ne vous ai pas écrit tout de suite pour vous remer- cier, c’est uniquement par timidité. Un homme peu timide par nature peut être mal à l’aise devant une belle jeune fille, même quand il l’a connue toute petite, — surtout quand il reçoit d’elle un service, — et il peut craindre, soit d’être trop res- pectueux et trop froid, soit de la remercier avec trop de chaleur.

Ma première impression, comme je l’ai dit, a été l’étonnement, — impression toujours agréable d’ailleurs. Ensuite, quand il ne m’a plus été permis de douter, j’ai éprouvé un sentiment difficile à exprimer, composé moitié du plaisir d’avoir été si bien compris, moitié de joie de voir qu’un de mes plus vieux et de mes plus chers amis avait une fille vraiment digne de lui.