LETTRES – 1864
Je porte ce griffonnage à M. Bérardi, pour qu’il vous soit transmis. J’aurai le courage, ou plutôt le cynisme absolu de mon désir. Citez ma lettre, ou quelques lignes; vous ai dit la pure vérité.
A ÉDOUARD MANET
27 Mai 1864.
Mon cher Manet,
Je vous remercie de votre affectueuse lettre. Pré- sentez mes amitiés à votre mère et à votre femme, et, si vous avez à m’apprendre des choses agréables sur la destinée de vos tableaux, écrivez-moi. Je réponds à vos félicitations.
Les Belges sont bêtes, menteurs et voleurs. J'ai été victime de la plus effrontée supercherie. Ici, la tromperie est une règle et ne déshonore pas. Je n’ai pas encore abordé la grande affaire pour laquelle je suis venu; mais tout ce qui m’arrive est de bien mauvais augure, — sans compter que je passe ici pour un affilié de la police française.— Ne croyez jamais ce qu’on vous dira sur la bonhomie belge. Ruse, défiance, fausse affabilité, grossièreté, four- berie, oui… Tout à vous.