Page:Baudelaire - Lettres 1841-1866.djvu/37

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Parmi toutes les personnes que je connais, il n’y a que sottise et passion individuelles. Personne ne consent à se mettre au point de vue providentiel.

Vous devinez de quoi je veux parler. Le Président a fait une espèce de caresse aux gens de lettres, en abolissant l’impôt du timbre sur les romans.

Le socialisme napoléonien s’est manifesté par la conversion de la Rente, et l’on CRAINT chaque jour un décret qui impose d’un quart les héritages de collatéraux. Enfin, le Président a compris qu’en donnant toute liberté de discussion sur la saisie des biens des princes d’Orléans il se donnait le beau rôle. Aussi, toutes les pièces s’impriment, et les brochures se répondent.

Il est aussi question de rendre au Ministère de l’Intérieur le département des affaires littéraires, qui récemment avait été confondu avec l’Instruction publique. Quelques membres de la Société des Gens de Lettres se sont plaints de cette promiscuité avec les professeurs qui, d’ailleurs, sont des jésuites déguisés et qui mangent tout, quand il y a quelque chose à manger.

D’ailleurs, je suis persuadé que toutes les notes et idées haineuses pour l’Université flatteront le Président. Aussi bien, j’aimerais assez ne voir que deux partis en présence, et je hais ce milieu pédant et hypocrite qui m’a mis au pain sec et au cachot. Tout cela me divertit beaucoup. Mais je suis décidé à rester désormais étranger à toute la polémique humaine, et plus décidé que jamais à poursuivre le rêve supérieur de l’application de la méta-